Le Saint-Laurent autrement

242 km² : voici la taille de ce confetti de France en Atlantique nord. Vous devinez vite que ce chiffre modeste cache une ample histoire, qui vous emmène des Grandes Découvertes (XVè siècle) au temps de la pêche à la morue (XVIè-XXè) et même jusqu’à la France libre (1940-1944).

Les passionnés d’histoire… naturelle sont aussi à la fête : l’isthme sableux entre Miquelon et Langlade, clos par une lagune au joli nom de « Grand Barachois », est tout à fait spectaculaire. 120 km de littoral vous fournissent un observatoire parfait pour guetter dans nos jumelles orques ou dauphins à bec blanc. Certains d’entre vous préfèrent viser le ciel et tentent d’y identifier parulines ou moucherolles, tous passereaux mentionnés par vos guides naturalistes.

Rien n’égale la fragilité – et la beauté – de l’écosystème de cet archipel, trônant au milieu du golfe du Saint-Laurent, comme un joyau sur son coussin.

Fascinés, vous suivez la conférence de vos géologues du bord, décrivant le volcanisme dont sont issues les îles. Vous en appréciez d’autant plus l’exploration de ces paysages jetés dans les bras du vent. Du Havre-Aubert à Grande-Entrée, les îles sont reliées par des cordons dunaires qui leur ajoutent un petit air polynésien inattendu.

Au Cap-aux-Meules, vous arpentez une plage aux falaises de grés rouge profond. Dans cette nature impressionnante de résistance aux éléments, vous appréciez la vigueur de la culture acadienne, défiant ici, depuis le XVIIIe siècle, les aléas de l’Histoire.

Opération « fous de Bassan » ! Vous vibrez d’impatience à l’idée d’approcher la plus grande colonie mondiale de cette espèce d’oiseaux.

À quelques brasses du port de Percé, vous prenez pied sur l’île Bonaventure pour vous immerger dans un incomparable spectacle naturaliste. C’est un tourbillon d’ailes blanches, de têtes jaune pâle, d’yeux bleus soulignés de noir. À ne plus savoir où donner de la tête et de l’appareil photo.

Enivrés de vie sauvage, vous revenez à terre en cabotant le long du fameux Rocher Percé. Il avait sans doute encore deux arches quand Jacques Cartier navigua en ces eaux, à l’été 1534. Vous faites une pause à Gaspé auprès de la croix de pierre qu’il planta alors et qui fut l’un des actes de naissance de la Nouvelle-France.

Rive nord du Saint-Laurent, vous retrouvez la chaleur de l’accueil des Acadiens et leur sens de la solidarité, issu des tribulations que leur peuple traversa en 1755.

À l’écoute des historiens de l’Exploris One, vous savez qu’on nomme « Grand Dérangement » leur déportation exigée par les Britanniques. Vos hôtes ont donc à cœur de préserver leurs traditions et leur environnement. Vous y plongez d’ailleurs en parcourant la réserve naturelle des îles Mingan, bien connue pour ses monolithes de calcaire formant comme des sentinelles en bord de mer. Vous entrez dans une portion de forêt boréale, refuge de centaines d’oiseaux (bécasseau, macareux moines, aigles) et de nombreux mammifères. Vous espérez bien sûr y discerner votre premier castor.

Le panorama que vous découvrez au réveil est un ravissement : le toit rouge de l’hôtel local du XIXe siècle timbre l’horizon, tandis que bous repérez, à sa gauche le bâtiment de l’ancien poste de traites des fourrures, à sa droite la chapelle immaculée, l’un des plus anciens bâtiments en bois d’Amérique du Nord.

Mais Tadoussac vous réserve d’autres joies qu’une intéressante plongée dans l’Histoire. Autour du village, près de 1 300 km² de fonds marins sont classés et protègent phoques communs, baleines bleues et bélugas. Ces deux dernières espèces sont dangereusement menacées. Pouvoir les approcher à distance respectueuse pour les admirer évoluer dans leur milieu naturel, libres et tranquilles, est des plus émouvants privilèges qui soit.

Exploris One a vogué toute la nuit, loin vers le cœur profond du Québec. La forêt canadienne s’est refermée sur vous.

Une exploration du Saguenay est un véritable bain d’été indien. Votre remontée du Saint-Laurent vous a déjà régalé des couleurs éclatantes de cette saison particulière. Désormais, cette palette vous enveloppe et vous aspire dans un déluge d’écarlate, d’orangé, de vert pâli tournant à l’or pur. Au cœur de ce flamboiement couleur soleil couchant, toutes les nuances de la culture locale sont à portée de votre curiosité : les contes et légendes des Amérindiens montagnais, la fabuleuse histoire de la communauté de La Baie, mise en spectacle depuis 1988 et la richesse de la vie marine visible à l’aquarium du musée du fjord.

Chaque méandre renouvelle le paysage de sapinières à bouleau jaune. Soudain surgit un cap (Éternité – 457 m), dont le nom célèbre la permanence de la Nature. Vous descendez un authentique fjord glaciaire. Certains de ses fonds remontent à 50 m sous notre quille, créant des bassins emplis de vie aquatique.

Vous y observez, subjugués, bélugas, rorquals ou phoques communs. Le royaume du Saguenay tant rêvé par Jacques Cartier existe bel et bien. Ni d’or ni de diamant, il est riche de la délicatesse des fleurs de ses orchidées sauvages, du vol souple de ses faucons pèlerins, de la présence, furtive et précieuse, de ses lynx.

« Là où le fleuve se rétrécit » – c’est le sens du mot algonquin kebec – notre âme s’exalte. Vous abordez enfin au cœur vibrant de la francophonie américaine.

La ville ancienne fondée par Samuel Champlain loge au pied du cap Diamant : de ce promontoire, le panorama sur le Saint-Laurent est un vrai joyau. Vous êtes touchés par le granit aux allures bretonnes des maisons de la Basse-Ville, comme par la présence d’une cathédrale au vocable de Notre-Dame. Mais ici, la mémoire s’unit sans complexe à la modernité. Le parc des Plaines-d’Abraham (où une ultime bataille contre les Britanniques fut perdue en 1759) se déploie à l’ombre du colossal hôtel XIXe, le Château-Frontenac, et d’étincelants gratte-ciels annonçant le troisième millénaire.

Débarquement en matinée, après votre petit-déjeuner.

Vol retour vers Paris en fin de journée. A moins que vous ne souhaitiez prolonger le séjour au Québec !